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Photographie et féminisme: Pourquoi je photographie les femmes?

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Je n’ai pas décidé un jour que je voulais photographier les femmes.

C’est venu parce que c’était évident. Parce qu’il fallait. Parce que je n’aurais pas pu faire autrement.

J’ai mis du temps à comprendre pourquoi.


Quand je photographie une femme, je pense à toutes celles qu’on n’a pas regardées. Celles qu’on a cachées. Qu’on a fait taire. Qu’on a détruites.

Et je pense à moi aussi.


Je viens d’un monde où les femmes ne disent pas "je".

Elles font, elles encaissent, elles obéissent, elles répètent. Elles ont appris qu’il fallait survivre. Pas rêver. Pas penser. Pas espérer.

Moi, j’ai voulu vivre. Et vivre, pour moi, ça a commencé par comprendre. Comprendre ce que j’avais traversé. Ce que les femmes autour de moi avaient traversé. Et que tout ça n’était pas juste une affaire intime. C’était politique.

Alors j’ai photographié. Parce que les mots ne sortaient pas encore. Et puis un jour, les deux se sont rejoints.



Ce que je veux créer


Quand une femme est face à moi, je ne veux pas qu’elle joue un rôle. Je veux qu’elle existe. Qu’elle respire. Qu’elle prenne sa place. Qu’elle se voie. Qu’elle se regarde autrement. Pas avec le regard qu’on lui a imposé toute sa vie. Mais avec le sien.

Avec le mien aussi, peut-être.


Mes photos ne sont pas là pour faire joli, pour plaire, pour correspondre aux standards. Elles ne sont pas retouchées pour lisser, gommer, effacer. Elles sont là pour dire :Tu as le droit d’être là. Tu es entière. Tu es forte. Tu es vivante. Et tu es belle.

Toutes les femmes que je photographie sont belles. Pas parce qu’elles correspondent à une norme. Mais parce qu’elles résistent. Parce qu’elles existent. Parce qu’elles choisissent de se montrer telles qu’elles sont. Parce qu’elles veulent, en se révélant, transmettre de la force. Partager du positif aux filles, aux femmes, à celles qui regardent.

Elles posent, oui. Mais ce qu’elles posent surtout, c’est un acte. Elles montrent ce qu’on ne veut pas voir. Elles montrent ce qui reste. Ce qui revient. Ce qui brûle encore. Et moi, je suis là. Je recueille. Je documente. J’archive. Je transmets.



Ce que je cherche


Photographier les femmes, c’est peut-être ma manière à moi de réparer. De créer un espace. Un lieu sûr. Une lumière qui ne trahit pas. Un endroit où les histoires peuvent exister. Où les corps peuvent respirer.

Je veux qu’on nous voie. Qu’on nous entende. Qu’on nous regarde autrement.



Je veux proposer d’autres modèles. Loin des filtres, des injonctions, des corps d’Instagram. Des vraies femmes. Authentiques. Vivantes. Complexes. Puissantes.

Je veux que chaque image dise : On n’a plus peur. Même si parfois, on a encore peur. On décide de ne plus trembler. Parce qu’on est là. Ensemble.


Pauline Makoveitchoux, 14 avril 2025

Pauline Makoveitchoux, Autoportrait, photographe féministe
Autoportrait, Confinement, avril 2020

4 Comments


Guest
il y a 4 jours

Bravo Pauline, pour votre talent de photographe et pour la mise en mots d'une écriture qui ne pourra que grandir en intensité. Je vous ai retrouvé avec plaisir. Eve

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Sandra B
Apr 18

Bravo Pauline c'est très beau ce que tu as écrit !

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Niki logie
Apr 14

Il y a l écho qui résonne et nous relie dans ces mots. Je pense aux femmes de ma famille avant moi. Et à ma fille et ce que je veux lui transmettre de nous ,les femmes. Toujours cloitrées dans des postures ,mais inexorablement toujours une partie d entre elles à se resserer autour de ce qu on a de plus précieux et intime, notre dignité .merci pour tes mots

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Joana
Apr 14

C'est très beau ❤️

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